top of page
  • Facebook - Black Circle
  • Instagram - Black Circle
  • Twitter - Black Circle
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.

Et si on changeait d'avis sur la taxidermie

  • La rédaction
  • 6 mai 2015
  • 3 min de lecture

Aladin magazine. LA MAISON DEYROLLE à Paris au 46, rue du Bac dans le 7e arrondissement.

Taxidermie : souvenir d’un face à face redouté avec un cerf accroché au-dessus de la cheminée de la maison familiale. La tête d’un animal exhibée tel un trophée reste la représentation la plus répandue que l’on se fait de la taxidermie. Elle a longtemps été réservée aux chasseurs fiers de leurs proies, aux propriétaires de cabinets de curiosités et aux musées. La naturalisation – autre terme à la signification identique – a véhiculé un siècle durant, une image kitch et vieillotte. «La taxidermie a perdu la dimension rustique qu’elle pouvait avoir. La tête de cerf n’est plus uniquement un trophée, mais un objet de décoration à part entière», explique Raphaël Abrille, conservateur au musée de la Chasse et la nature.


Aladin magazine. Musée de la Chasse et de la Nature, à Paris.
Un tannage efficace

Depuis la Préhistoire, le chasseur aime à conserver le crâne de l’animal qu’il a tué, témoignage de sa victoire dans une lutte à mort. À partir du XVIIIe siècle, la peau et les poils de l’animal sont conservés. «Au début, ces parties non dégraissées sont très vite détruites par les insectes», précise le conservateur. En effet, le tannage est une phase essentielle pour garantir la bonne tenue du spécimen naturalisé. Il faut donc attendre la découverte du pharmacien Jean-Baptiste Bécoeur, le savon arsenical qui, utilisé pour le dégraissage des peaux, permet une conservation pérenne. Il était temps. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Européens découvrent et s’approprient de nouvelles terres, certaines encore inconnues. Au gré de leurs voyages, ils rapportent des récits, des illustrations, des cartographies, mais aussi des témoignages d’étonnantes découvertes animales grâce notamment à la naturalisation. Le public est curieux et les animaux inconnus provoquent l’émoi général.

Des animaux inconnus

En 1820, des girafes débarquent à Marseille, présents ô combien exotiques de Méhémet-Ali, gouverneur d’Égypte, destinés à Charles X. «Le musée d’histoire naturelle de La Rochelle est censé avoir le spécimen naturalisé de Zarafa, l’une de ces fameuses girafes. Je dis censé, parce que l’on a très vite perdu sa trace au cours du XIXe siècle», nuance Raphaël Abrille. D’importantes collections de spécimens exotiques se constituent au fil des années. «Devant l’intérêt du public pour ces animaux inconnus, Philippe VII d’Orléans va offrir sa collection personnelle au Muséum d’Histoire naturelle.» Après avoir été utilisée pour exhiber des trophées, la taxidermie est utilisée au service de la reconnaissance des espèces animales.

Aladin magazine. LA MAISON DEYROLLE  à Paris au 46, rue du Bac dans le 7e arrondissement.

Symbole d’impérialisme

Entrée au musée, la taxidermie devient un support pédagogique essentiel. Toutefois, son utilisation répandue dans les musées au XIXe siècle va décliner au siècle suivant. «La fonction pédagogique de la taxidermie est de moins en moins utile face à l’utilisation de la photographie et de la vidéo.», explique Raphaël Abrille. Si elle demeure source de savoir par quelques-uns, pour d’autres, la taxidermie véhicule des symboles moins altruistes : «dans les années 1960, en Angleterre, une grande collection de spécimens naturalisés est détruite, jugée trop impérialiste». À cette notion s’ajoute celle du droit animalier dont les défenseurs dénoncent «la domination des chasseurs sur l’animal»…


Amateurs contre détracteurs

«Pour ce qui est de la défense des animaux, ces prétendus protecteurs n’ont rien compris, qu’ils aillent se faire voir !», clame avec colère René Boutonnet, expert. «S’il n’y avait pas eu de spécimens naturalisés, comment

Aladin magazine. LA MAISON DEYROLLE  à Paris au 46, rue du Bac dans le 7e arrondissement.

le public aurait-il pu voir d’aussi près ces animaux quand la photo et la vidéo n’existaient pas ?», surenchérit Peio Rahola, de la boutique Deyrolle. S’ils reconnaissent un passé moins respectueux de la cause animale , ils tiennent à rappeler le dispositif des lois visant à sa protection telle la convention de Washington. Les collectionneurs savent que la qualité de leur naturalisation passe par une traçabilité irréprochable et respectueuse du monde animal.


Une déco vivante

La polémique refermée, l’animal naturalisé perd de son tragique tant il est beau. Figé, mais tangible, il prend tout son sens dans une société où le tout dématérialisé atteint ses limites. «Vous n’ouvrez pas une revue de déco sans tomber sur un animal naturalisé. La mode et le monde artistique sont très friands d’oiseaux, par exemple», constate-t-on chez Deyrolle. Indéniablement, l’aspect spectaculaire de certaines installations, la taille des animaux et l’effet de mode ont joué un grand rôle pour la taxidermie.


Le saviez-vous ?

En 1769, le Gouverneur français de Chandernagor offre un rhinocéros au roi Louis XV. L’animal est exhibé au public durant une vingtaine d’années avant d’être tué le 23 septembre 1793, par le coup de sabre d’un révolutionnaire.

La dépouille sera disséquée et naturalisée par Jean-Claude Mertrud et

Félix Vicq-d’Azyr. Elle est considérée comme l’une des premières taxidermies modernes sur un animal de ce type. L’actuelle peau vernie du rhinocéros est visible dans la Grande Galerie de l’Évolution au Muséum national d’Histoire naturelle. Au musée de la chasse et de la nature de Paris, de nombreux animaux naturalisés ont plus de cinquante ans, voire cent pour certains.

 
 
 

Comments


 

© Aladin Magazine 2015

Aladin magazine
  • Facebook - Black Circle
  • Twitter - Black Circle
  • Instagram - Black Circle

Aladin est un magazine mensuel disponible en kiosque édité par Les Editions GBD, 42 rue du Père Corentin 75014 Paris . Toute reproduction même partielle est strictement interdite. 

bottom of page