Les chineurs du 7e art: dans l'envers du décor
- La rédaction
- 6 mai 2015
- 3 min de lecture
Lanzani, c'est une institution pour les professionnels du cinéma français depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tous les décorateurs, tous les ensembliers connaissent cette entreprise parisienne de location d'accessoires et de meubles. Un cinéaste veut reconstituer un intérieur Louis XIII, un boudoir romantique du XIXe siècle ou une demeure coloniale dans l'Indochine de 1930 ? Il trouvera chez Lanzani. Il cherche un oeuf d'autruche ? Un bureau présidentiel ? Un téléphone de 1965 ou des skis anciens ? Lanzani les a. Le Capitan, Le Bossu, La Folie des grandeurs, Les Liaisons dangereuses, Ridicule, Danton, Les Rivières pourpres ne sont que quelques exemples de films pour lesquels l'entreprise a loué des objets et des meubles.

>Dans les Etablissements Lanzani.[endif]
Un casting de rêve
Fondée par Gaetan, le grand-père ébéniste à la fin des années 1930, l'entreprise est aujourd'hui dirigée par Didier Lanzani. Son bureau, logé au fond de la cour d'un vieil immeuble, surplombe les hangars. À l'entrée, un perroquet vous toise du regard tandis qu’en bas, des «gros bras» s'affairent à transporter des accessoires. L’espace de travail tient du cabinet de curiosités avec des animaux naturalisés, de fausses couronnes de roi, une collection de flasques, une mappemonde, une maquette du paquebot France, des barres d'or factices posées sans précaution sur une étagère, des masques tibétains et vénitiens, un caméléon (vivant). «Ici, tout est du stock pour la location, sauf le chien. Même le perroquet a participé à un tournage», explique le maître des lieux.
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Cherche objets désespérément
M. Lanzani note que son métier est différent de celui d’antiquaire. «Nous nous intéressons à des objets que beaucoup d'antiquaires ne regarderaient même pas. Nous louons, nous ne vendons pas. Cette différence est fondamentale face à l’ objet.» Quand on parcourt les rayonnages de bronzes, de luminaires, de candélabres, d'étains ou de faïences, quand on grimpe dans les greniers respirer l'odeur des bois, quand on s'arrête devant une statue africaine, on comprend l'attachement de l'entreprise au principe de base de l'authenticité. «Nous ne cherchons pas des oeuvres de valeur, mais celles qui représentent leur époque.» Les milliers d’objets composant l’immense stock sont aujourd’hui référencés informatiquement. Pourtant, Didier Lanzani, qui a grandi dans cette caverne d'Ali Baba, est capable de trouver une pièce sans même pianoter sur un clavier ! En revanche, il est actuellement confronté à un autre défi : «Voilà six mois que je cherche un brasero ancien et je n'en trouve pas. C'est pourtant un truc idiot. Mais, je le trouverai !»

>Enfilade d'André Arbus, circa 1950. Elle a été utilisée pour le film Yves Saint Laurent.
Cheveux longs et fauteuil orange
Giscard d'Estaing vient de succéder à Pompidou, le téléphone rouge à cadran retentit. Vêtu d’une chemise à col en «pelle à tarte», confortablement installé dans un fauteuil Egg, vous regardez la télévision - une bulle ronde – , dans le salon décoré de rideaux à fleurs orange assortis au lustre. Nous sommes dans l'univers XXO, en 2015. Avec ses gigantesques entrepôts et ateliers installés dans la banlieue parisienne, XXO est une entreprise de location pour le cinéma, la publicité et des soirées ou événements. Elle a pour créneau le XXe siècle, plus particulièrement la période 1950-1980.
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Déambulation
Au détour d'une allée du vaste hangar, vous remarquez le fauteuil gonflable de Khan, comme dans la scène de la piscine du film Le Cerveau. À propos de piscine, vous reconnaîtrez le mobilier de Gae Aulenti qui sert de décor à la scène réunissant Alain Delon et Romy Schneider dans le film de Jacques Deray. Interrogé sur ce qui est aujourd’hui recherché, le directeur des lieux Franck Mouchel répond sans hésiter : «les grands créateurs, particulièrement les précurseurs américains des années 1950». Très savant en matière de design, le professionnel a réuni une énorme documentation (livres, magazines anciens, catalogues de fabricants...). Il propose aussi bien des pièces rares et de collection que des rééditions en précisant cependant qu’il «n’enverrait pas des pièces uniques sur n'importe quel événement».
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