Un été avec la reine des terrasses

Depuis quelques années, chineurs et amateurs de mobilier industriel ou de design se prennent d'intérêt pour les meubles Tolix. Dans les années 1930, Xavier Pauchard, un chaudronnier bourguignon, commercialise sous la marque Tolix (jeu de mots avec le x de Xavier), une collection de meubles métalliques promis à la gloire. On les a vus un peu partout, des terrasses des cafés aux hôpitaux en passant par les élégantes coursives du paquebot Normandie. Depuis, Tolix a fait son entrée au MoMa de New York et au Centre Pompidou !

>Chaise A, de Xavier Pauchard, première édition. Collection Brigitte Durieux. Photo Laziz Hamani.

Xavier Pauchard: le «tôlier»

Tout commence en 1907 lorsque Xavier Pauchard invente la galvanisation de la tôle, procédé qui consiste à la plonger dans un bain de zinc en fusion : un moyen infaillible de la protéger de la rouille. Ce nouveau matériau en main, le chaudronnier crée la société Tolix en 1927. Outre la galvanisation, Tolix excelle dans le pliage des tôles, d'un tel fini qu'on les croit faites en papier. Une finesse au service de lignes pures que le directeur de l'usine dessine lui-même. Et quand on dit dessiner... En fait, point de dessins préparatoires. Xavier Pauchard fonctionne au feeling et avec talent. «Il fonctionnait à l'expérience, il illustre parfaitement l'art de l'artisan qui a la maîtrise totale du matériau.» Brigitte Durieux, journaliste et historienne spécialiste du mobilier industriel, a consacré un ouvrage de référence à la célèbre marque (Xavier Pauchard était son arrière grand-oncle). «Son savoir-faire était double, il savait tortiller la tôle et en plus, il maîtrisait l'anti rouille. En cela, il était précurseur. Également, par les lignes belles et confortables – j'ai écrit l'ensemble de mon livre sur une chaise Tolix –» commente Brigitte Durieux.

Sur toutes les terrasses

Un jour de 1934, le chaudronnier imagine une chaise avec une assise qui vient coiffer les pieds et qui donc diminue au moins de moitié le nombre de soudures. Le résultat est un siège solide, confortable, empilable et qu'on peut laisser à l’extérieur. C'est la première chaise produite en série en France. Les cafetiers équipent leur terrasse de chaises A. Les casernes, les clubs de sport, les municipalités succombent à leur tour à ses atouts. Après la mort de son père en 1948, Jean Pauchard prend le relais et signe le succès du fauteuil A 56 ou de la table 55. Aujourd'hui, Tolix poursuit sa production.

Des pièces Tolix restent à découvrir

Bonne nouvelle pour les chineurs, seule une petite partie de la production de Tolix est connue. Beaucoup reste à découvrir, ce que confirme la spécialiste de la marque Brigitte Durieux : «J'ai récemment chiné deux hallucinants fauteuils d'hôpitaux des années 1960, ainsi que, sur une brocante, un petit secrétaire qui était là, le dos tourné, les pieds coupés, couvert de pots de peinture !» Moralité, il faut avoir l'oeil, on peut passer à côté d'une perle sans la voir, d'autant plus que beaucoup de meubles ne sont pas signés. Chaque année, de nouveaux objets sont identifiés. Dernière surprise en date, on a récemment découvert que Jean Pauchard a meublé toute une résidence universitaire de la faculté de Dijon... Les meubles n'attendent que les amateurs !

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