IL ÉTAIT UNE FOIS LES ANTIQUITÉS... Changements de goûts
- La rédaction
- 10 juin 2015
- 2 min de lecture

Les professionnels sont unanimes : les goûts dans le domaine des antiquités ont changé. Globalement, le «classique» (les styles XVIIIe et début XIXe siècles) est délaissé au profit du XXe siècle. Heureusement, l’immense palette des formes, des décors, des matières, des spécificités régionales, des qualités du mobilier et des objets anciens offre aux chineurs de nombreux autres choix que ces deux seules catégories. Une originale et rare suspension Haute Époque trouvera preneur ainsi qu’une belle commode XVIIIe estampillée. Du beau mobilier régional, en bon état, fera toujours des heureux. Mais incontestablement, le moyen de gamme peine à se vendre ; la tendance va vers le design. Henri-Pierre Teissedre, commissaire-priseur en charge des successions chez Piasa dresse un diagnostique alarmant : «La France est un pays riche dans lequel il n’y a plus de riches ! Les demeures anciennes, les petits châteaux y sont nombreux, mais les propriétaires n’ont plus d’argent pour les faire vivre et les entretenir. Le mobilier classique qui les meuble ne se vend plus, d’autant qu’à défaut de restauration, il est en mauvais état. Je suis très inquiet, car selon moi, ce n’est pas la phase d’un cycle cette fois : ça ne reviendra pas.»
Un art de vivre
Outre l’évolution de ses goûts, le client a également modifié sa façon d’acheter. «On assiste à une nouvelle façon de se meubler, explique Jean Nowicki, président du SNCAO. Avant, les gens achetaient sur des coups de cœur, sans se soucier où ils allaient placer le meuble. Aujourd’hui, ils réfléchissent en terme de décoration, comment assembler meubles et objets dans leur intérieur.» Une différence importante qui oblige à reconsidérer l’aménagement des boutiques ou des stands. «On ne peut plus s’asseoir sur un fauteuil Voltaire et attendre le client, explique Hugues Cornière, marchand. La façon de vendre a complètement changé.» Une conception que le professionnel met en pratique. Dans la nouvelle boutique de vêtements branchés du couturier John Varvatos, à Londres, il expose des guitares anciennes et de la hi-fi vintage. «Les objets doivent être à la fois utiles et décoratifs, semble confirmer Frédéric Chambre, chargé du développement chez Piasa. Aujourd’hui, on ne vit plus avec l’art, mais dans l’art.» L’objet d’art se mêle aux ingrédients du bien-vivre : la gastronomie, la mode, la culture, l’environnement. Sans tabous ou réticences, les antiquités sont désormais considérées comme des éléments de la décoration intérieure. «Les lecteurs de magazine de déco, AD ou Ideat sont des clients potentiels», remarque Lucie-Éléonore Riveron, co-fondatrice de Fauve.
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