IL ÉTAIT UNE FOIS LES ANTIQUITÉS... Ça, c'était au XXe siècle
- La rédaction
- 10 juin 2015
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Lors de la dernière édition du Salon des antiquaires de Bordeaux-Lac.
Le marché des arts décoratifs et des antiquités français est composé d’environ 13 000 brocanteurs, antiquaires et galéristes, 414 opérateurs de ventes aux enchères volontaires, près de 20 000 salons, foires et brocantes ponctuels ou occasionnels par an, une quinzaine de villages et regroupements de professionnels, des dizaines de sites Internet marchands ou de bases de données, des centaines d’experts et de restaurateurs. L’importance des structures et des chiffres d’affaires de ces entreprises, opérateurs et artisans est très hétérogène.
Au début des années 1980 s’amorce une grande transformation du marché des antiquités. La multiplication des salons et surtout des brocantes et des foires en plein air entraîne une augmentation des chineurs. Tout le monde chine ! «Premier loisir des Français», les brocantes (et les vide-greniers dont les stands de professionnels côtoient ceux de particuliers qui jouent les «apprentis-brocanteurs») vivent leur apogée à la fin des années 1990. Les objets d’art populaire rencontrent un grand succès, les collectionneurs sont boulimiques, les meubles de style et de métier (billots, meubles de grainetier, de mercerie…) s’arrachent. Aux Puces de Paris Saint-Ouen, les Américains débarquent avec leurs décorateurs : les containers se remplissent à vue d’œil. Tout se vend ; le meilleur et le moins bon. Bientôt, aux côtés des ventes de gré à gré et des enchères apparaît un nouveau canal d’échanges : Internet. Les uns se ruent maladroitement sur lui ; les autres le regardent de loin, avec défiance. Dans les grands salons d’antiquaires, à Paris, à Dijon, à Toulouse, à Antibes, à Bordeaux-Lac, les visiteurs se disputent les commodes XVIIIe, le «beau» XIXe et, désormais, l’Art déco, pour le plus grand plaisir des marchands dont la difficulté est de trouver de la marchandise plutôt que des clients. Rétrospectivement, cette période sera appelée «l’âge d’or».
Coup de tonnerre !
Quand soudain, une énorme explosion trouble cette joyeuse et lucrative activité. Le 11 septembre 2001, l’effondrement de deux tours à Manhattan couvrent de poussière un marché des antiquités qui montrait déjà quelque fatigue. Il commence mal le siècle. À l’instar de l’économie mondiale, le secteur va connaître une période de régression. La marchandise moyenne gamme essentiellement présente sur les petits salons et les foires se vend de moins en moins ; la fréquentation des salons et des marchés aux puces (notamment Les Puces de Paris Saint-Ouen) diminue ; des collections telles la céramique, les disques, les poupées s’endorment. Les coupables sont désignés : les vide-greniers, l’euro, la désertion des étrangers à commencer par les Américains, Internet, le changement des goûts, la crise des subprimes. Ça rassure de pouvoir nommer ses ennemis. Et si ces perturbations n’étaient que les conséquences d’une mutation profonde ?
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