SATISFACTION
- La Rédaction
- 10 août 2015
- 3 min de lecture
«Le christianisme disparaîtra. Il s’évaporera, rétrécira. Je n’ai pas à discuter de cela. J’ai raison, il sera prouvé que j’ai raison. Nous sommes plus populaires que Jésus désormais [mais] je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock’n roll ou la chrétienté.»

Ainsi parlait John Lennon en 1966. Voilà six années que la Beatlmania a révolutionné la musique, hissant le groupe au rang de dieu d’une enivrante religion, le rock. Ses précurseurs, Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Gene Vincent et autres inventeurs du rockabilly sont peu à peu remplacés par les nouveaux venus comme le prétend le même Lenonn : «le rock est mort le jour où Elvis est parti à l’armée», à savoir ce funeste 20 janvier 1958. À vrai dire, il semble que le rock évolue plus qu’il ne disparaît. Les guitares électriques se popularisent, les affiches et les pochettes de disques prennent des couleurs et des graphismes psychédéliques. Les Rolling Stones menés par le rebelle Mick Jagger, The Who, les Clash… déclinent le rock en tonalités pop, hard, psychédéliques, acid. Aujourd’hui, plus de soixante ans après les premiers rythmes blues et rock, les amateurs et les nostalgiques d’objets s’arrachent les reliques : les lunettes rondes de John Lennon portées en 1966 et ses toilettes en porcelaine vendues 11 600 euros, en août 2010, sans oublier la mèche de cheveux de Mick Jagger adjugée 4600 euros, en juillet 2013. Comme le rock, les fans n’ont pas de limites.
Naissances d’icônes
Que serait le rock sans Jimi Hendrix ? Et vice versa ? Le phénomène débarque en 1966. En à peine cinq années de carrière, le chanteur devient une icône du rock psychédélique. «Il est tout le temps question de Jimi dans le rock. C’est un artiste archi collectionné», explique Yazid Manou, spécialiste du musicien. On cherche des cordes, des morceaux de guitares, des bandeaux, des foulards lui ayant appartenu. Mais c’est clair, on ne peut pas le dissocier de son instrument». Les guitares, Jimi Hendrix les fait sonner comme jamais auparavant, de la main gauche, inventant de nouvelles façons de jouer. Il les brise et les brûle aussi. Comme un soir de 1967, au Finsbury Astoria de Londres où il met le feu à sa Fender Stratocaster. Le chanteur Frank Zappa la reconstituera à partir de morceaux calcinées et de parties reconstituées. Son fils vendra l’instrument devenu culte plus de 346 000 euros à un collectionneur américain, en 2008.
Au-delà de l’univers du rock, ils sont nombreux comme Yazid qui appelle le musicien par son prénom, à être fascinés par Jimi. À peu près à la même époque, mais dans un univers différent, David Bowie pointe timidement sur la scène. Ce n’est qu’à partir des années 1970, que le chanteur aux multiples visages et costumes va s’installer dans le monde rock jusqu’à ce jour. Fait rarissime du vivant d’un artiste, une exposition lui est entièrement consacrée au Philharmonie de Paris, le nouveau lieu de la musique parisien. L’évènement David Bowie is présente en autres, de nombreux costumes de scène qui ont marqué les années 1970. Avec une musique rock plus glam et plus pop, l’artiste a su crever un style personnel mêlant sons et images. Chez Bowie, l’habit de scène est plus qu’un accessoire, il incarne sa musique.

L’image du son
Si la scène a encensé les rockers, le vinyle a permis une large diffusion de leur musique. Il est le lien ultime entre l’artiste et ses fans. «Ce n’est pas qu’une simple galette permettant d’écouter de la musique, c’est un objet à part entière, avec un graphisme et une pochette caractéristique d’un groupe ou d’un musicien», explique Jacques Leblanc, collectionneur et spécialiste. Il permet d’écouter l’œuvre, d’en recevoir une image, de la cerner. Le rôle de la photographie est prépondérant. Sur le thème du rock, les photographies sont le domaine le plus collectionné : les tirages argentiques numérotés et plus largement, les pochettes d’album, les posters et les affiches de concerts sont très prisés des collectionneurs. Mais pas seulement. Ces pièces représentatives du rock sont aussi des images symboliques d’une époque, une expression artistique singulière qui attire autant les amateurs d’art, de photographies, et les mélomanes nostalgiques. Le rock a ses sonorités, ses images, ses dieux, son histoire, mais aussi et surtout ses reliques conservées par les gardiens du temple rock que l’on nomme «collectionneurs».
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