A l'ombre de l'élégance
- La Rédaction
- 17 août 2015
- 2 min de lecture
Accessoire léger et précieux, on a du mal à associer la sévère Catherine de Médicis à l’ombrelle. Pourtant, en ce début du XVIe siècle, la duchesse italienne, future reine de France et mère de cinq souverains, apporte dans ses malles des ombrelles ainsi que des éventails. Cet ustensile est cependant déjà connu en Orient, en Chine et au Japon : les esclaves les portent au-dessus de leurs maîtres et maîtresses pour les protéger du soleil. Car avant d’être un accessoire de mode voire un signe d’appartenance sociale, l’ombrelle est un moyen de protection contre le soleil et la chaleur. Jusqu’aux années 1930, ce petit parasol (le magasin qui le vend se nomme une parasolerie) reflètera, par sa forme, sa fabrication et ses décors, les influences sociales et artistiques du moment. Objets du quotidien, certains sont de véritables œuvres d’art tant par leur préciosité que par leur facture.

>De la Parasolerie Heurtaul.
Élégant nécessaire
Les ombrelles d’avant 1850 sont très rares sur le marché, même en y mettant le prix. Au cours du XVIIIe siècle, les modèles sont variés et ne se fient pas à une mode particulière. Certains fabriquées en rotin ou en fanon de baleines (matériau également utilisé pour les corsets), sont très fragiles. Bien que souvent léguées de génération en génération, ces ombrelles sont rarement arrivées jusqu’à nous, sinon en bon état. Un constat regrettable, car certains exemplaires sont très travaillés avec des manches réalisés en écaille, en or, en argent, en corail, en ivoire, incrustés de pierres précieuses ou semi-précieuses. Durant le Premier Empire, toutes les fantaisies et les tailles sont permises.
À partir de 1840, la production d’ombrelles devient très importante. Toutes les femmes, de la paysanne à la bourgeoise, arborent cet accessoire indispensable à une tenue à la mode.
«Au XIXe siècle, la paysanne porte l’ombrelle pour se rendre à l’église ; la bourgeoise pour se promener sur les Grands Boulevards », explique Michel Heurtault, artisan et créateur.
Comme la canne pour l’homme, l’ombrelle est aussi un signe d’appartenance sociale, d’autorité voire de pouvoir. Si ces dames visent l’élégance et l’ostentation, elles portent l’ombrelle aussi pour se protéger de la chaleur. «Il faut replacer cet accessoire dans son contexte. À l’époque, les femmes sont très habillées, superposant corset, chemise, robe…», rappelle Michel Heurtault. «Par ailleurs, la ville était différente de celle d’aujourd’hui : les places et les rues étaient plus larges, les immeubles, moins rapprochés. On peut comprendre que les dames avaient besoin de leur ombrelle pour se protéger de l’éblouissement et de la chaleur. L’histoire de son utilisation pour garder le teint pâle est une fable romantique !» Voilà un mythe qui tombe.

En revanche, le raffinement des ombrelles n’est pas une légende. Censées ajouter de l’élégance et de la distinction à la femme, elles épousent les styles des époques en utilisant une très large gamme de couleurs, d’ornements et de tissus brodés, décorés ou ornés, avec des manches sculptés ou sertis.
Accessoire de mode utile, les ombrelles sont indissociables de la représentation de la femme du Second Empire et de la Belle Epoque comme l’évoquent les peintures de Caillebotte ou Monet.
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